Article copié sur la nouvelle information de Voiles et Voiliers dans les newsletter de Ouest France du 22 12 2021.

En France, des centaines de bateaux de plaisance arrivent en fin de vie chaque année. D’après la base de données mise à disposition par le Shom (Service hydrographique et océanographique de la Marine), plus de 4 700 épaves dorment sur les fonds marins au large des côtes françaises, dont 4 200 près du littoral métropolitain. Face à ce constat, l’APER (Association pour la Plaisance Eco – Responsable) s’est donnée pour mission de récupérer les bateaux en fin de vie et de les recycler.

Épaves et coques délabrées sur les rivages ou dans les jardins ne sont plus une fatalité. Depuis 2019, l’APER se consacre au recyclage des bateaux. Initialement créée par la FIN (Fédération des Industries Nautiques) en 2009, l’association avait alors surtout un rôle d’information. Dix ans plus tard, l’APER se transforme afin de répondre à la mise en œuvre de la responsabilité élargie des producteurs (REP) des bateaux de plaisance ou de sport. En France, le principe de la responsabilité élargie des producteurs existe dans la loi depuis 1975. Ainsi, on a vu l’apparition de nombreux éco-organismes permettant d’organiser la prévention et la gestion de certains déchets (piles et accumulateurs, papiers, équipements électriques et électroniques, etc.). L’objectif étant de traiter les déchets produits, mais aussi de les prévenir en agissant sur l’ensemble du cycle de vie des produits. Il a fallu attendre 2015 pour que cette filière concerne aussi les bateaux de plaisance, et 2019 pour sa mise en application. L’éco-organisme APER a été officiellement agréé par le ministère de la transition écologique pour mettre en place et gérer cette filière sur tout le territoire national.

Les bateaux éligibles au recyclage sont les bateaux de plaisance de 2,5 à 24 mètres, immatriculés en France

80 % des bateaux de plaisance ont été construits avant les années 2000, avec une durée de vie de 30 à 40 ans en moyenne. Les bateaux éligibles au recyclage sont les bateaux de plaisance de 2,5 à 24 mètres, immatriculés en France. Le propriétaire peut alors contacter l’APER via le site recyclermonbateau.fr pour lui informer qu’il souhaite se défaire de son navire. L’éco-organisme se charge de le mettre en relation avec un centre de déconstruction. « Son statut passe de bateau à déchet », nous explique Guillaume Arnauld des Lions, délégué général de l’APER. En 2021, en France, on compte environ 26 centres de déconstructions agréés. Si la déconstruction est aujourd’hui gratuite, financée par l’APER, le transport du bateau est quant à lui à la charge du propriétaire. À compter de 2023, l’APER prendra aussi en charge le coût du transport.

Pas encore de solution de pur recyclage pour les composites

Quand un bateau arrive dans un centre de déconstruction, trois matériaux sont pris en charge : les métaux, le bois et les composites. Les métaux sont séparés et regroupés. Ils sont complètement recyclés. Pour le bois, en fonction de sa qualité, 50 % vont être recyclés en panneau d’aggloméré. Le bois de trop mauvaise qualité, qui ne peut pas partir en filière de panneautage, est broyé et part en valorisation énergétique. « Il va alimenter des cimenteries, des centrales de production d’eau chaude ou d’électricité », poursuit le délégué général. « Le troisième matériau est le plus problématique. C’est le composite, tel que le polyester ou la fibre de verre. » Pour ces composites, il n’existe pas encore de solution de pur recyclage. Si 60 % de ces composites partent en valorisation énergétique, les 40 % restants en revanche, sont éliminés. « Nous travaillons sur la question afin de trouver de meilleures solutions », précise le délégué général. L’APER, en partenariat avec le centre technique de la plasturgie (IPC) et l’Ademe, est en train de finaliser un guide du recyclage composite qui paraîtra en février 2022.

Aucun autre pays n’a mis en place une filière complète, organisée et financée comme c’est le cas en France.