Témoignage de Annick Vacher, recueilli le 13 janvier 2017

Quand je pense à Assérac, je revois la rue de la Fontaine, dans le bourg, ainsi nommée car les femmes y passaient pour remplir leurs seaux qu’elles tenaient éloignés de leurs jupons, grâce à leur cerceau. La maison dans laquelle mes sœurs et moi passions nos vacances d’ été se situe au numéro 5 de cette rue. Elle a appartenu à mes arrière-grands parents,les Camaret, puis à mes grands parents, les Lizeul . Plus tard, Guy et Hélène Grimault en ont hérité et lui ont donné le nom de Camaret. Quant à moi, j’ai appelé ma maison de Pen-Bé, à Kermaria, le clos Lizeul.

Mon grand-père Lizeul a beaucoup compté dans mon enfance , il nous consacrait beaucoup de son temps. Il nous emmenait, mes sœurs et moi, voir ses copains dans les fermes autour du bourg. Nous allions aussi à Pen-Béà pied. Mon grand-père connaissait tous les passages à travers champs. Entre la Baie des Dames et la Marche aux bœufs, je me revois, avec mon haveneau, fouillant les trous entre les rochers pour pêcher les crevettes, les loches, de petits congres aussi.

Pendant les vacances d’été, nous jouions avec nos petits voisins, François et Annick Pignon. Leurs parents louaient la maison de mes grands-parents. Pour les vacances, nous n’occupions qu’une pièce de la maison, à l’étage, qui heureusement possédait une cheminée pour pouvoir cuisiner.

Je me souviens desmûres que nous allions cueillir, et des aubépines qui nous piquaient, des parties de marelle dans la cour de la maison…

Je repense aussi à cette maison, située en face du cimetière, qui était celle de notre « bonne ». Mes parents étaient commerçants à Guérande, et ma mère travaillait beaucoup.

Ce fut donc Jeanne Pedron qui m’a « élevée ». Elle faisait le trajet Guérande- Assérac, puis Assérac- Guérande, tous les vendredis et lundis, à bicyclette, quel que soit le temps, évidemment !

Assérac est associé à la couleur rose, mais je ne saurai dire pourquoi : j’habillais peut-être mes poupées en rose, ou alors je voyais la vie en rose à cette époque ?…

Evoquer mes vacances à Assérac me rappelle l’odeur du bois scié. Le locataire du 5 rue de la Fontaine, Monsieur Pignon, était en effet charpentier, comme mon arrière-grand-père, et son atelier se trouvait dans la maison. Le bruit de la scie est indissociable de l’odeur de sciure.

J’ai aussi en mémoire les cantiquesque nous chantions à la messe du dimanche et la procession du 15 août, événement très marquant pour mes sœurs et moi.

Quand, adulte, j’ai fait construire ma maison face à la mer, dans le traict de Pen Bé, je suis devenue une figure connue : tout le monde se souvient de moi, très sportive, « montant », à bicyclette, la côte de Pen-Bé, pour aller me baigner deux fois par jour, à la baie des Dames.

Photo illustrant le texte de Madame Vacher.