Témoignage de Marie-Claude Boulanger, recueilli le 2 novembre 2016

Assérac, c’est d’abord le temps de mon enfance, les vacances chez ma grand-mère qui habitait dans le bourg. Je me souviens de mes nombreuses incursions dans le cimetière, avec mon amie d’enfance Christine. Nous allions à la chasse aux escargots. A la tombée du soir, l’atmosphère était presque inquiétante, mais j’aimais cela.

On pouvait souvent me rencontrer sur la route du Quenet, car je fleurissais fréquemment le calvaire, lieu isolé, mystérieux et secret. Je faisais mes confidences de petite fille croyante à la statue de la Vierge.

Je revois aussi les parties de pêche à la grenouille avec mon père, sur la route de Pompas. Il m’avait appris comment attraper les batraciens, avec ce bout de tissu rouge que l’on agitait à la surface de l’eau. La capture faite, j’enfilais l’animal par la gorge avec un fil de fer qui ressortait par l’œil. Pratique cruelle, d’un autre temps, mais que c’était bon, les cuisses de grenouille !

Toujours en compagnie de mon père, je pêchais également les anguilles à la fourche, dans les étiers du côté de Pont-Mahé.

 Dans le bourg, lorsque mon père était au café, chez Thérèse, je m’amusais à sauter sur le rocher qui lui est attenant, et cela pouvait durer longtemps. De même, à Pen-Bé, j’en ai passé du temps à l’attendre au bar de la Marine ou à la Grange de la Mer, lieux incontournables pour lui…

Si Assérac était un personnage, ce serait évidemment mon père, Joseph, qui portait toujours un bonnet rouge . Quand il apparaissait quelque part, j’étais presque toujours sur ses talons.

Quand j’évoque le mot Assérac, je repense à la ferme, sur la route du Quenet, où nous allions chercher le lait . C’est moi qui le portais . Je jouais systématiquement à faire tournoyer la gamelle qui faisait office de pot à lait au bout de mon bras, en essayant bien sûr de perdre le moins possible de lait. Quand ce n’était pas le cas et que je rentrais chez ma grand-mère avec un récipient peu rempli, je me faisais gronder. Je repartais à la ferme, mais cette fois, le lait ne dansait plus au retour. J’ai encore l’odeur du lait caillé en tête, nous en mangions beaucoup.

Assérac c’est le village de mon enfance, je suis à Pen-Bé maintenant , un univers complètement dissocié du bourg dans mon esprit. Je me réveille et m’endors face à la mer…