Assérac, c’est avant tout ma maison, rue du Pont Bérin, que nous occupons depuis vingt ans. Nous l’avons achetée à Monsieur Bourigault, le charcutier qui faisait, dit-on, de si bons rillauds . Au début, tout le monde disait:«Ah, c’est la maison du charcutier ! Ce à quoi nous répondions : « Non, c’est la nôtre ». Nous n’avions pas souhaité une maison au bord de la mer à cause de la rouille qui s’installe vite et des peintures à refaire souvent. Nous nous plaisons beaucoup ici, car nous sommes en plein bourg, à proximité de l’école, de la mairie et des commerces. Le seul point négatif, à certaines périodes de l’année, c’est l’odeur persistante et fort désagréable du lisier , la route du Pont Bérin se trouvant sur le passage des tracteurs qui en laissent tomber un peu sur leur trajet.
Mais j’aime aussi beaucoup Pen-Bé, les promenades sur la lande jusqu’à la Marche aux Bœufs, en famille autrefois, et maintenant avec mon mari. Hélas cela devient difficile pour moi maintenant car j’ai du mal à marcher. La plante que m’évoque Assérac, c’est l’orchis, cette orchidée sauvage, que l’on peut observer souvent sur notre commune. Et l’ animal, ce serait l’ibis. Quand je suis arrivée dans la région, je ne connaissais pas cet oiseau, et je me rappelle avoir dit :« J’ai vu des gros oiseaux blancs et noirs avec un gros bec ». On m’a répondu que c’étaient des ibis et j’ai pensé qu’on se moquait de moi, car je sais bien que les ibis sont originaires d ‘Égypte. Je ne savais pas que les premiers ibis de nos marais se sont échappés du parc de Branféré.
Si Assérac était une couleur, ce serait le vert, car ici il ne neige ni ne gèle presque jamais . Tout reste égal. D’ailleurs, moi qui suis alsacienne, j’ai eu du mal à m’adapter à ce climat océanique trop doux, manquant à mon goût de contrastes au fil du temps qui passe.. Ma saison préférée est l’automne, à cause des couleurs dorées des paysages, mais aussi pour le calme retrouvé après l’été touristique. Je suis comme les grands-parents, parlant de leurs petits enfants, les «chicoufs»«chic ils arrivent, ouf ils repartent!
Assérac est associée pour moi à trois personnes qui m’ont beaucoup appris. Dès mon arrivée par ici, j’ai été très curieuse de connaître la ville et ses habitants.Monsieur Grimault y a largement contribué, nous avons maintes fois partagé de longues conversations . Il était très féru d’ Histoire. Je me souviens qu’il avait organisé, avec ses amis de la bibliothèque, une exposition sur la poche de Saint-Nazaire. Je lui avais expliqué que j’en avais un peu « assez » de ces rappels de la deuxième guerre mondiale, le sujet étant compliqué et douloureux pour les Alsaciens . C’est sur ce thème que nous avons échangé au début de nos relations amicales. Monsieur Buet, le pharmacien, m’a aussi appris bien des choses, mais dans un autre domaine. Il avait toujours de nombreuses anecdotes à raconter sur la vis asséracaise. Je pense enfin à Marie Morin, née Allain, décédée récemment, qui habitait 3 , rue du Pont Bérin. Elle avait été gouvernante chez Olivier Guichard et me racontait les grandes réceptions au château de Ker Olivier.