Témoignage de Dédée Huard recueilli le 8 juin 2016

Assérac , pour moi est indissociable d’un personnage : Monsieur Raux, qui a fait presque toute sa carrière d’instituteur dans notre village. Il était le directeur de l’école publique, sa femme était adjointe.

En 1962, il est devenu directeur du Collège d’enseignement général ( CEG) à Herbignac.

Le collège se situait à cette époque au niveau de la gare.

Mon école, c’était l’école du Pont-Bérin, autrement nommée par certains, l’école du diable !

La rivalité école publique, école privée, était bien réelle.

 Je me souviens de la fête de la cerise au mois de juin, pour laquelle les instituteurs empruntaient des costumes à Holiday on Ice. Elle se déroulait dans le grand champ qui se trouve toujours à côté de l’école maintenant nommée Ecole Jacques Raux.

Plus tard , Monsieur Raux a organisé des fêtes intercommunales. Je revois maman vendre des glaces avec Madame Raux.

L’anecdote suivante illustre de façon très révélatrice, l’atmosphère de l’époque …

C’était au moment de la Communion, que je faisais moi aussi . Le défilé des communiants allait de la cure à l’église. Mais il fallait passer sous un calicot annonçant le festival de dix-sept amicales de la Presqu’île, qui avait lieu à Assérac. C’était inimaginable pour Monsieur le Curé !

Alors, pendant la messe, du haut de sa chaire, il déclara qu’il n’y aurait pas la procession des communiants cette année-là.

Le Maire, qui avait pourtant donné l’autorisation de tendre le calicot, vint, fort embarrassé, demander à Monsieur Raux de retirer l’objet du courroux de l’homme d’église . Après un débat houleux au sein des amicalistes, il fut décidé d’apaiser les tensions , tout en montrant de quel côté se situait la tolérance. Monsieur Gouret procéda donc, un soir, dans la plus grande discrétion, à l’enlèvement du calicot . Les communiants purent remonter jusqu’à l’église ! La paix revint au village !

 Il y avait aussi les sorties de fin d’année, organisées par l’Amicale Laïque. En ce temps-là, être parent de l’école publique, c’était adhérer «automatiquement » à l’amicale laïque !

 Nous avons vu plusieurs fois la Caravane publicitaire du Tour de France. Au retour de ces sorties, dans le car, les cadeaux récoltés sur le passage de la Caravane ne manquaient pas.

Mais je n’ai pas oublié d’autres sorties, plus culturelles : les châteaux de Clisson, Nantes, la Turmelière, Rochefort en Terre. Je me souviens du « dégueuloir » dans un restaurant de Rochefort , que monsieur Raux avait tenu à nous montrer !

 Si Assérac était une chanson, ce serait «Ce n’est qu’un au-revoir », car nous la chantions toujours en revenant de nos sorties scolaires.

Et puis , il y avait les fêtes de Noël, dans la salle de la Fontaine, au cours desquelles les enfants montraient les danses apprises en classe.

Mais Assérac, ce n’est pas uniquement l’école, même si mes souvenirs d’enfance sont très liés à elle.

Ma peur des chevaux vient peut-être du souvenir du martèlement des sabots des chevaux au galop dans le bourg : les animaux rentraient parfois seuls à la ferme, leur enclos étant mal fermé sans doute, c’était très impressionnant pour la petite fille que j’étais.

Si mon enfance s’est déroulée rue de la Fontaine, je suis désormais à la Saudraie, entre mer et campagne. D’ailleurs, j’entends l’océan de chez moi. Je ne vais pas souvent à la plage maintenant, mais je sais qu’elle est là, je ne m’imagine pas habiter loin d’ elle.

Pour moi, les couleurs d’Assérac, ce sont le vert des champs et le blanc du sel. Mes mois préférés sont mai et juin, la nature est belle, tout pousse abondamment. Je n’aime pas l’hiver, à cause des « désagréments » que cette saison apporte : le verglas, le gel des canalisations…