Assérac évoque pour moi les plages et notamment celle de la Baie des Dames, car c’est là que j’ai rencontré Annie. J’avais un dériveur à remonter sur le sable après navigation, elle était sur la plage, seule, se livrant à son activité préférée à cette époque : bronzer. Je lui ai demandé de m’aider, elle a accepté tout en disant qu’elle n’aimait pas porter. Un bon début de relation !
Pen Bé, c’étaient les sorties en mer avec mon copain Bruno, j’avais un « 4-85 », lui un « 4-20 ».
Assérac, c’était, au temps de mon enfance, le temps des vacances et de l’été, la perspective des bonnes pêches que j’allais faire, l’odeur des algues et de l’iode. Mais, quand je repartais vers la région parisienne, j’emportais avec moi l’odeur saumâtre du marais, du côté de Kermalinge un lieu sauvage, toujours différent.
Je me souviens, quand on allait avec ma mère, à Kermalinge, pêcher des barset des dorades à la ligne. On attrapait des crevettes grises et du « bouquet » au haveneau pour les fixer sur nos hameçons. Dans l’eau jusqu’à la taille, on sentait les crabes nous chatouiller les pieds.
Tout le village de Kergéraud s’organisait pour faire une battue au poissons. On barrait les étiers avec des filets qui restaient dans la vase pendant plusieurs marées, on installait des perches en attente d ‘accrocher la senne. Le jour venu, on battait l’eau avec des godilles, au large, dans des « plates », pour chasser les bars, les carrelets ou les mulets dans les étiers.On relevait les filets que l’on fixait sur des perches pour qu’ils dépassent de l’eau afin d’empêcher les poissons de sauter par-dessus. Je me rappelle la pouliche de Ferdinand qui tirait la charrette, les mannes en acier galvanisé et les paniers pleins de poissons. En tant qu’enfant, je sentais que cette méthode de pêche était interdite, je ne savais pas pourquoi, mais quelle joie de rapporter autant de poissons pour se nourrir ! J’ai aussi beaucoup pêché les palourdes avec Baptiste, habitant de Berzibérin, un des derniers pêcheurs à pied professionnels
Plus tard, j’ai pêché en apnée. Je prenais des congres, des bars, des araignées et parfois des homards.
A la ferme de Kermalinge, je me souviens également du four dans lequel étaient cuits des pains énormes. J’ai en mémoire le goût délicieux de ces pains, sûrement ma madeleine de Proust. J’ai assisté à la dernière fournée. Cette fournée s’associe dans mes souvenirs aux bouchées de pain que l’on donnait pendant la messe. Je pense aussi à cette vigne qui donnait du Noa, le vin qui se situait entre la ferme et les champs du bord de côte. Les vignes ont été arrachées. Plus tard, j’ai appris que ce vin, dit-on, rendait fou.