Mon univers , c’est Le Karroué. Il ne m’est pas nécessaire d’aller au café « Le Bout du Monde » dans le bourg, pour y être. A la morte saison, je suis seule dans ce lieu, seule dans ma maison depuis que j’ai perdu mon mari en 2008. Beaucoup de gens me demandent si cet isolement me fait peur. Je réponds que je me sens tout à fait à ma place ici. Je savoure chaque matin le bonheur de prendre le temps de vivre, loin de l’agitation que j’ai connue quand je travaillais . Le matin, les seuls « bruits » qui troublent ce lieu si tranquille sont dus au passage du car scolaire et du camion qui vient chercher le lait. Le soir, je les perçois moins car je suis moins attentive.
Mon mari et moi avons découvert ce coin dans les années quatre-vingt, grâce à des amis qui vivaient ici. Le fermier du coin acceptait de nous prêter un bout de terrain pour y mettre notre caravane en été. Des années plus tard, nous avons acheté un terrain pour faire construire notre maison. Nous appréciions le calme absolu de cet endroit, ainsi que la proximité de l’océan. Avec nos enfants nous allions à la plage de Pont-Mahé ou à Loscolo .
En été, les maisons voisines s’ouvrent, je vois passer des randonneurs sur la route. Il y a bien longtemps, tous les dimanches, Monsieur Olivier Guichard marchait par ici, s’appuyant sur une canne, seul ou en compagnie de sa femme, vêtu de son grand manteau sombre et coiffé d’un chapeau de feutre.
Ma saison préférée est l’automne à cause des couleurs chatoyantes de la nature. J’aime l’odeur des terres labourées et du foin, le bleu de la mer et le vert de ma campagne.. Je ne fréquente guère le bourg d’Assérac, à part le jeudi où je retrouve mes amis du club « Accueil et Amitié » pour jouer à la belote.