Le mot « Assérac » me fait penser immédiatement à l’Ecole Publique que j’ai fréquentée dans mon enfance. Mes frères et moi y allions à bicyclette, quel que soit le temps.
Assérac, ce sont aussi les douches municipales ouvertes une fois par semaine, le samedi.
Elles se situaient au niveau de l’actuel complexe de la Fontaine.
Le service d’eau n’est arrivé à Pen Bé qu’au début des années soixante.
Après l’école ou pendant les vacances , notre espace de liberté était infini. Nos parents ne se souciaient pas de nous, ils vaquaient à leurs occupations et nous avons eu une enfance très heureuse. La vie des enfants, maintenant, est bien différente de la nôtre, l’insouciance parentale a disparu et l’on n’imagine pas laisser des gamins livrés à eux-mêmes… Notre espace de jeux, c’étaient les prés où nous pêchions des grenouilles, où nous dénichions les œufs pour enrichir nos collections. C’était aussi la castagne avec ceux de l’Ecole privée, à l’aide de couteaux, de triques, mais ce n’était pas si violent que cela, il n’y a jamais eu de blessé grave dans ces « petites guerres».
Aux beaux jours, dans nos maillots de bain en laine tricotés par maman, avant même de savoir nager, nous maîtrisions le milieu marin : accrochés à un pieu, en battant des jambes comme nous pouvions, nous passions la pointe de Pen Bé pour rejoindre le traict ; ou alors, à la godille, nous allions jusqu’à Merquel.
Un jour, nous avons découvert un échouage de colis de survie intacts. Ce trésor venu de l’eau , nous l’avons caché dans une grotte jusqu’à l’extinction des vivres.
Le temps de mon enfance, c’était aussi le bistrot épicerie des époux Perrier, à Pen Bé , dans lequel nous allions, pour un sou, acheter des bonbons vendus dans de grands bocaux. Ils étaient tous collés, si bien que pour un bonbon acheté, on en avait plusieurs. Il y avait aussi les malabars gagnants… Comme on devinait à travers les papiers d’emballage ceux qui étaient gagnants, on revenait jusqu’à épuisement de cette manne ! Ce bistrot est devenu plus tard un restaurant. Maintenant , c’est une maison d’habitation, face à la mer.
J’ai toujours vécu à Pen bé, mais, pour moi, Assérac et Pen bé sont deux entités très différentes.
Assérac, c’est le monde agricole, Pen Bé le monde des travailleurs de la mer, mon milieu de vie et professionnel.
Les gens de Pen Bé, autrefois, étaient un peu jalousés par ceux du Bourg, à cause de l’argent gagné « assez vite » .
J’aime les gens d’ici, leur mentalité, je trouve les rapports humains faciles et chaleureux . L’ Environnement, pour moi, ce sont d’abord les copains, les voisins, les connaissances, puis vient la nature. La mer est bien sûr mon environnement quotidien, mais c’est un monde à redécouvrir chaque jour.
Ma maison se trouve face à l’Océan. Au petit déjeuner, je le contemple chaque matin. La vue est magnifique et changeante, et je peux, selon le temps, apercevoir Dumet, l’île la plus proche, mais aussi Hoëdic, ou même Houat.
Je vois mes bouées flotter au large. L’été, je pense aux bars que je traque pendant toute la saison.
Pen bé, c’est l’odeur de l’iode , la couleur bleue du ciel et de l’eau, alors qu’Assérac, c’est le vert de l’herbe du milieu paysan.
Ma maison date de 1904, mes parents l’ont achetée en 1950. L’architecte qui en a fait les plans est celui qui a fait les plans de l’église du bourg. On racontait qu’il avait détourné les pierres destinées au clocher pour la maison de Pen Bé.. Voilà pourquoi Assérac n’a pas de clocher ! C’est amusant, car cette maison abritait une famille profondément athée !
Je me souviens de l’arrivée du téléphone chez nous, car son installation a coûté presque aussi cher que la maison ( 800 000 francs pour le téléphone, 1 million de francs pour l’achat de la maison).
Avoir le téléphone à cette époque, c’était demander un opérateur pour avoir son correspondant. L’affaire n’était pas simple !
Quand je compare le coût d’ un téléphone portable aujourd’hui, offrant des possibilités de communication instantanées avec le monde entier, et le coût de l’installation du téléphone dans les années cinquante, je trouve cela insensé.
Un événement a marqué ma carrière professionnelle . Dans les années 90, les rejets de la laiterie d’Herbignac ont pollué le traict du Mès , entraînant la mort des coquillages. La perte financière fut très importante .
Si je devais associer Assérac à un personnage, ce serait Joseph Vaillant, surnommé Thomas, car j’adorais l’écouter quand il racontait sa vie. Ainsi, par exemple, lorsqu’il allait à La Turballe chercher des poissons, dans sa charrette tirée par son cheval, il savait que celui-ci saurait le ramener à la maison en cas de « grosse fatigue » ! Thomas travaillait de temps en temps pour mes parents, c’est comme cela que je l’ai connu. Je m’arrêtais souvent chez lui.
Et pour finir par une chanson, je citerai « le petit caboulot » , bien connu des Penbéens, que j’ai chanté bien souvent, que je chante, et que j’espère chanter encore longtemps avec mes amis.